E’ difficile rimanere indifferenti davanti a questo articolo di La Repubblica risalente all’ estate 2013.
Anche perché, come vedremo, la storia continua ripetersi, in Gabon, nel 2015…
“…Tra un decennio non esisterà neanche un esemplare..”
“La chiave è coinvolgere le comunità locali, dimostrando che la conservazione della natura è un affare migliore del bracconaggio”.
I parchi nazionali non sono un lusso ma possono creare creare grandi vantaggi economici per le popolazioni locali.
Il sistema dei parchi nazionali americani è un esempio di quanto affermiamo (v. Yosemite brucia, un disastro ecologico ma anche un danno economico).
Sul turismo in Kenya esistono pochi dati stimati. Si parla di visite annue pari a 1’200’000.
Per dare un raffronto ricordiamo che Yosemite, da solo, catalizza 4’000’000 di visitatori/anno che non solo acquistano il biglietto di entrata ma portano grossi benefici a tutto l’indotto (alberghi, ristoranti, negozi, etc.).
Per dare un altro termine di paragone il valore degli introiti del turismo in Kenya è stimato a circa 4,5 miliardi di €, contro i 147 dell’Italia.
In sostanza il Kenya, come molti altri paesi africani, ha un potenziale turistico inespresso molto alto ma se tra dieci anni non avrà più le sue attrattive maggiori , come gli elefanti, queste potenzialità rimarranno sulla carta.
I parchi non riguardano solo gli ambientalisti ma anche l’economia di un paese. Questo vale ancor di più in Africa, dove, al contrario dell’Italia o di altri paesi, l’unico patrimonio turistico è costituito dalle bellezze naturali e dagli animali che vi vivono.
La strage deve finire anche per i motivi qui sotto, che completano definitivamente il quadro
Le conferme arrivano nel 2015:
il governo del Gabon vorrebbe sviluppare il turismo ma le stragi continuano (12’000 elefanti uccisi dal 2004 in Gabon) e servono soprattutto a finanziare gli estremisti islamici che, una volta distrutte le risorse del paese rischiano di rimanere padrone dei luoghi, in Kenya come in Gabon.
LE MONDE
14/03/2015
Par Christophe Châtelot (Minkébé, Gabon, envoyé spécial)
Vue aérienne du parc national de Minkébé, qui s’étend sur 7 000 km2,
EMILIE REGNIER POUR “LE MONDE”
Vue d’hélicoptère, la canopée du parc national de Minkébé, aux confins septentrionaux du Gabon frontaliers du Cameroun et du Congo, forme un tapis vert s’étendant à perte de vue. L’immobile uniformité n’est brisée, ici ou là, que par la nervure de rivières boueuses ou un vol d’oiseaux. Pas de route, ni de village. Minkébé est un miracle de la biodiversité grandement préservée des attaques de l’homme. Ou presque. Au niveau du sol, au pied des arbres qui tutoient le ciel, se déroule une autre bataille. Une centaine de militaires et gardes forestiers traquent comme ils le peuvent, sur 7 000 kilomètres carrés, des bandes de braconniers qui, en quelques années, ont déjà décimé là 12 000 des 25 000 éléphants de la région, convoités pour leur ivoire, écoulé à prix d’or sur le marché chinois.
Une guerre inégale et asymétrique comme vient de le découvrir Allogo Ovono, capitaine dans l’armée de l’air, en débarquant ici il y a quelques jours. « Les problèmes logistiques sont colossaux. » Le capitaine manque de radio pour communiquer avec les trois petites unités établies à plusieurs jours de marche de son camp, de nourriture pour ses hommes, d’essence pour ses pirogues…
Il lui a fallu trois jours de pirogue, avec hommes, armes, bagages et ravitaillement, pour rejoindre sa base de Minkébé depuis Mayibout et relever le contingent précédent. « On a chaviré, notre nourriture fraîche a pourri en deux jours. Des serpents nous sont tombés dessus, des abeilles nous ont attaqués… », énumère-t-il. « Avant, dit-il, la relève se faisait par hélicoptère. Il est en panne. » Autant dire que, lorsque le conservateur du parc national (et conservateur senior des parcs du Tridon de l’est du Gabon, Ivindo, Minkébé, Mwagna), Joseph Okouyi, docteur en biologie au physique de lutteur, lui annonce qu’il compte sur lui pour mener, à pied, « des actions en profondeur dans la forêt contre les braconniers », il s’affaisse davantage dans son fauteuil défoncé.
Les hommes du capitaine Ovono ont deux missions. La première consiste à dissuader les orpailleurs illégaux de revenir creuser une crête boisée qui recèle aussi des diamants. En 2011, au moment de leur évacuation forcée par l’armée, il y avait 7 000 personnes venues des pays de la sous-région. Les baraques des mineurs ont été rasées, sauf les plus solides, occupées maintenant par les militaires déployés sur place depuis 2011. « L’armée a fait déguerpir les mineurs et a nettoyé la place. Si on part, ils reviendront », résume-t-il.
Cette mission dissuasive s’accomplit sans grand défi, sauf l’inconfort de vivre en forêt. La seconde – traquer les braconniers – s’avère infiniment plus complexe avec si peu de moyens matériels et humains contre des trafiquants organisés qui ont l’initiative. « La volonté politique existe, mais nous n’avons fait que la moitié du chemin », résume Joseph Okouyi. Le président Ali Bongo Ondimba a en effet fait de la lutte contre le braconnage une priorité. « C’est une question de sécurité nationale », a-t-il expliqué au Monde.
L’enjeu est économique. Les autorités gabonaises placent de grands espoirs dans le développement de l’écotourisme dans ce pays grand comme la moitié de la France, couvert à 88 % de forêts, mais peuplé de 1,5 million d’habitants seulement, dont 700 000 à Libreville, la capitale.
13 parcs nationaux
INFOGRAPHIE “LE MONDE”
Certes, le Gabon n’est pas non plus une terre vierge. Dans les années 1990, de grandes compagnies ont taillé des forêts à grands coups de bulldozers jusqu’à ce que les autorités imposent, contre le lobby des forestiers, un nouveau code forestier et un plan de gestion des forêts. Dès 2002, le président gabonais de l’époque, Omar Bongo Ondimba, décidait la création de 13 parcs nationaux (11 % du territoire), délimités par la loi. Son fils, Ali, élu en 2009, a pris le relais. Mais comment faire venir des touristes si les braconniers rôdent ?
« Notre projet d’écotourisme est un projet de développement durable indissociable des autres. Il faut créer un espace propice à l’investissement direct étranger. Pour cela, il faut développer des services sophistiqués, de classe internationale ,dans la finance, la santé, l’éducation, afin d’offrir un cadre touristique attractif », a expliqué le président Ali Bongo au Monde.
Ce projet, qui repose sur l’arrivée d’investisseurs étrangers, n’en est qu’à ses balbutiements. Les lieux d’hébergement sont rares, les routes mauvaises ou inexistantes, la corruption endémique. Les autorités mettent également en avant « la stabilité politique du pays ». Un euphémisme pour décrire un régime tenu depuis cinquante ans par une seule et même famille, les Bongo, accusée de cultiver affairisme et clientélisme.
Il n’empêche, le cadre naturel gabonais est unique. « Au Nigeria, j’ai vu une fois un gorille pendant une demi-seconde et des éléphants, je n’ai vu que des crottes. Ici, après dix minutes sur le terrain, j’ai eu ma première charge d’éléphants. Par endroits, la forêt ressemble à ce qu’elle devait être à l’arrivée des premiers explorateurs », illustre Lee White, le patron de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN). « Il y a ici plus d’espèces de fleurs et de plantes que n’importe où en Afrique de l’Ouest, dit-il. On compte 10 fois plus d’éléphants qu’en République démocratique du Congo [ex-Zaïre]. » Le Gabon accueille la moitié des éléphants de la forêt d’Afrique, dont la population est estimée à environ 90 000 pachydermes.
Groupes criminels
Un véritable trésor qui attise les convoitises, notamment celle des braconniers. « Nous sommes quasiment en guerre, une guerre localisée, mais une guerre », avertit Joseph Okouyi. Il ne s’agit pas seulement là de préserver une espèce animale. « Ce sont les mêmes groupes criminels qui font aussi du trafic de drogue et d’êtres humains », affirme M. White. « Les Pygmées sont utilisés, parfois contre leur gré, comme chasseurs par des groupes bantous du Cameroun ou du Nigeria qui revendent ensuite l’ivoire à des mafias pakistanaises qui l’acheminent jusqu’en Chine », détaille quant à lui M. Okouyi, également coordinateur du volet sécuritaire de la lutte antibraconnage menée par ses écogardes au côté de militaires. « La pression extérieure est énorme et nous ne pourrons pas gagner seuls cette bataille. Or, le Congo ne fait rien et au Cameroun, c’est pire : tout le monde est mouillé dans ce trafic, entretenu par une importante communauté chinoise », ajoute-t-il.
Joseph Okouyi (au centre), conservateur des parcs du Tridon, et
le capitaine Allogo Ovono, chargé de traquer les braconniers
dans le parc de Minkébé (à gauche). Emilie Regnier pour Le Monde
Mais ce qui est nouveau et inquiète Libreville, c’est le lien entre ces réseaux de braconniers et des groupes rebelles ou djihadistes de la région, qui financent une partie de leurs activités par le trafic des défenses d’éléphant. Les marges sont en effet alléchantes. L’ivoire braconné, acheté 100 dollars (94 euros) le kilogramme en forêt, se retrouve en bout de chaîne, vendu 2 000 dollars le kilo sur le marché chinois, le principal débouché. « Nous en avons pris conscience il y a deux ans. Un énorme massacre en République centrafricaine : deux cents animaux tués d’un coup par des rebelles soudanais », raconte Joseph Okouyi. Le président gabonais qualifie quant à lui « d’hypothèse de travail crédible » l’infiltration au nord du Gabon d’éléments liés à Boko Haram, la secte islamiste active au Cameroun voisin.
Au camp gabonais de Lélé, situé à la croisée des frontières avec le Cameroun et le Congo, sept écogardes, non armés, sont appuyés par deux gendarmes équipés d’un seul et unique pistolet. Certes, il y a un an, il n’y avait là aucune force de sécurité. Mais à ce rythme, la guerre est loin d’être gagnée.
Christophe Châtelot (Minkébé, Gabon, envoyé spécial)
Journaliste au Monde
prima stesura : 6 novembre 2013
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